Disponible en librairie : Notre Bibliothèque Verte (deux volumes). Voir ici
On ne va pas faire de « contrôle des connaissances », mais normalement, lecteurs, vous en savez déjà long sur Lewis Mumford (1895-1990), l’auteur de Technique et civilisation (1934), et du Mythe de la Machine (2 vol. 1966, 1970, 2019 aux Editions de l’Encyclopédie des Nuisances), et sinon reportez-vous à l’entretien avec Annie Gouilleux, sa traductrice, que nous avons publié en 2019 (ici).
Ce qui nous intéresse chez Mumford, c’est l’usage des mots machine (et mégamachine) comme métaphore de l’organisation sociale composée d’organes humains, de même qu’un orgue est composé d’outils, qui lui permettent de travailler : erg- énergie, ergonomie, etc. L’organisation, la machine, comme moyen de la puissance, suivant l’étymologie grecque de mêkhané, moyen/machine. La discipline, « force des armées », et l’union « qui fait la force », optimisant l’efficacité et la puissance des forces militantes et militaires. Cette machine, on la voit émerger des cités du IVe millénaire avant J.-C. (Cf. L. Mumford, La Cité à travers l’histoire,1961), de leurs édifices gigantesques, dont la construction exige l’organisation (la « coordination » disent les marxistes), d’une main d’œuvre pléthorique. Et pour finir, cette machine humaine, invincible combinaison d’union et de discipline, réalise tout simplement l’organisation de Saint-Simon (1760-1825), le théoricien fondateur de l’industrialisme (Cf. L’Organisateur, 1819), elle-même extrapolée de l’organisme humain. Org- = outil + énergie = travail (work) (Dictionnaire étymologique). Vous voyez comme on se retrouve, et qu’on ne vous fait pas lire pour rien.
Mais, avions-nous demandé à Annie Gouilleux, de quels maîtres, de quels penseurs, Lewis Mumford tirait-il son inspiration, ses pistes et son goût de l’enquête ? – Car seuls les ignorants n’ont eu ni maître ni modèle. Et bien, surtout Patrick Geddes, nous dit Annie, « un néo-lamarckien qui a coécrit Evolution avec J. Arthur Thompson dans la section de biologie de la bibliothèque du City College. » Mais aussi un botaniste qui s’intéresse à̀ la biologie, à l’agencement des villes et à la sociologie. Qui possède une culture encyclopédique sur les religions et les cultures orientales, sur l’économie, sur l’anthropologie et la paléontologie. Car, selon Geddes, il est impossible de comprendre un organisme vivant sans tenir compte de la totalité de son environnement. « La philosophie de Patrick Geddes » dit Lewis Mumford « m’a évité de devenir un spécialiste borgne [...], elle m’a donné l’assurance dont j’avais besoin pour devenir généraliste, c’est-à-dire quelqu’un qui cherchait à rassembler d’une manière plus intelligible tout le savoir que le spécialiste, par sa concentration poussée à l’extrême avait enfermé dans des compartiments étanches. » Selon les propres mots de Mumford, Geddes devient son Maître et un peu le père qu’il ne connaît pas. Malgré des relations parfois orageuses, ils correspondent jusqu’à la mort de Geddes en 1932. La devise de Geddes, vivendo discimus (nous apprenons en vivant) devient celle de Lewis Mumford entre 1914 et 1924, lorsqu’il exerce de petits emplois tout en poursuivant ses études.
Mais, avons-nous demandé à Renaud Garcia, quels étaient les maîtres à penser de Patrick Geddes ? C’est ce que vous saurez en lisant ces deux nouvelles notices de Notre Bibliothèque Verte.
(Pour lire les notices, ouvrir le document ci-dessous.)
Lire aussi :