En librairie : De la technocratie. La classe puissante à l’ère technologique, par Marius Blouin. Voir ici.
Après Saint-Simon (1760-1825), les saint-simoniens (1825-1834). Le premier, venu des marais picards, au bas bout des Pays-Bas, avait observé sur place l’esprit d’entreprise des Anglo- et Dutch-American, avant d’étudier l’ingénierie à l’école de Mézières – future Polytechnique. Ayant conçu quelques projets ; visité les canaux, réseaux, digues et polders néerlandais ; il se pique à près de quarante ans de formuler une théorie politico-scientifique, voire une nouvelle religion : l’industrialisme.
Parmi les seconds, ses disciples et les disciples de ses disciples ; Augustin Thierry, Auguste Comte, des dizaines d’ingénieurs de Polytechnique, d’activistes politiques et révolutionnaires, Bazard, Buchez, de futurs banquiers et chefs d’entreprise, Prosper Enfantin, Michel Chevalier, les frères Pereire, etc., de « féministes » avant la lettre – et même un empereur au fort accent germanique, Napoléon III ; qui transformera effectivement la France en puissance industrielle et ferroviaire, assisté de ses conseillers saint-simoniens.
Mais on n’en est pas là. On est à Lyon, en 1831, où l’héroïque et féroce insurrection des canuts laisse 600 morts sur le pavé et sidère tout ce qui pense en Europe. La révolution industrielle (Adolphe Blanqui, 1837) accouche de « nouveaux barbares » qui menacent de renverser la société. Curieusement, les saint-simoniens qui ont prêché devant des milliers de canuts quelques mois avant leur révolte, et qui ont sur place des représentants connus et estimés, ne réagissent guère, et de molle façon, à cette irruption sanglante. Ce qui mobilise le groupe, et sur quoi il tient, au même moment, de violentes réunions à huis-clos, c’est la question de la Femme.
« 1848 n’inventa rien », écrit l’historien Daniel Halévy (1872-1962) « 1830, au contraire – et les trois années qui suivirent, marque la vraie crise, l’invention des idées, l’initiative des mouvements. Alors le saint-simonisme, le fouriérisme et le blanquisme se forment à Paris dans les cénacles et les clubs ; et le syndicalisme plante son drapeau noir sur la colline de la Croix-Rousse. »
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