au colloque de l’Union Rationaliste "TRANSHUMANISME"
Co-organisé par Michèle Leduc, Guy Bruit et Emmanuelle Huisman-Perrin.
Avec l’amical concours de Jean-Michel Besnier, sur l’homme augmenté.
SAMEDI 2 DÉCEMBRE 2017 DE 9 H À 17 H 30
QUI SE TIENDRA À L’ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE SALLE DE CONFÉRENCE
IV BÂTIMENT DE PHYSIQUE 24 RUE LHOMOND 75005 PARIS.
INTERVENANTS :
JEAN-MICHEL BESNIER, Philosophe, Responsable du numéro de Raison
Présente : Augmenter l’homme, pour quoi faire ? Son intervention portera
sur le Post humanisme et la temporalité.
MARC ROUX, Historien. Président de l’association française du
transhumanisme. Son intervention portera sur les idéaux d’égalité
dans un autre transhumanisme.
ARIEL KYROU, Rédacteur en chef du site Culture mobile, interviendra
sur le numérique et le transhumanisme
DAVID DOAT, Directeur de l’observatoire prospectif de recherche sur
le transhumanisme au sein de l’Université Catholique de Lille
CHRISTOPHE HABAS, Chef du service de neuro-imagerie et de radiologie
à l’hôpital des 15-20 à Paris. Naturalisation de la conscience et
transhumanisme.
JEAN PHILIPPE CATONNÉ, Psychiatre, Psychanalyste et philosophe
Gilgamesh et le transhumanisme.
ENKI BILAL, (sous réserve de son accord) Peintre et dessinateur. Son
œuvre intègre depuis de très nombreuses années une réflexion sur
l’homme augmenté et l’hybridation. Nous lui demanderons de commenter
quelques-unes de ces œuvres.
_Pour des raisons de sécurité, nous vous demandons de vous inscrire
nominativement par mail à l’adresse suivante
"secretariat@union-rationaliste.org ou par téléphone au
02.37.20.28.87_
Augmenter l’homme, pour quoi faire ?
Quand on parle de posthumanisme, de transhumanisme ou d’homme
augmenté, le grand public ne sait pas bien encore ce dont il est
question. S’agit-il d’un homme refait, transformé, réparé ? L’homme
dont il est question est-il encore un humain, un inhumain, un
transhumain, un " mutant connecté", un cyborg ? Jean-Michel Besnier,
dans L’homme simplifié ironise avec sagacité sur l’expression « l’homme augmenté » qui s’avère être le plus souvent un homme
simplifié, davantage capable d’une attitude mécanique ou robotisée
que de répondre à des situations complexes.
Mais derrière ces questions de mots - toujours importantes-, il y a des
réalités technologiques nouvelles sur lesquelles il s’agit de
réfléchir aussi bien que de mesurer leurs effets.
Il est aujourd’hui devenu possible de remplacer des matériaux humains
par des matériaux artificiels, non par de simples "techniques de
renforcement" qui étendent nos performances corporelles directement ou
indirectement (marteau, lunettes, microscope, téléphone), non par des
"techniques de facilitation" qui déchargent nos organes et économisent
des efforts (comme la brouette, la poulie, la voile, la bicyclette), non
par des "techniques de remplacement[1]" qui nous permettent de réaliser
ce que nos organismes ne peuvent faire (le scaphandre de plongée, le
chalumeau, le scanner) mais par des biotechnologies qui engendrent une
"nature artificielle" et un homme aux capacités élargies. Dans ce
monde « prothétique », comme le nomme Peter Sloterdjik[2], il est
possible de substituer à des organes imparfaits des machines plus
performantes : des prothèses réparatrices mais aussi des prothèses
expansives qui augmentent nos capacités (on peut penser aux
jambes-lames d’Oscar Pistorius). Grâce aux biomatériaux mécaniques ou
électroniques, aux organes transplantés naturels ou artificiels (le
cœur, le foie), on peut augmenter ou réparer nos organes, nos moyens
de locomotion, notre rythmique, on peut mettre en place des stimulateurs
cardiaques ou nerveux, les "pacers" de toutes sortes, et on peut aussi,
par le biais des anesthésiques, des psychotropes ou autres, influer sur
notre programmation mentale. Il est aussi possible aujourd’hui non
seulement de réparer l’homme, de l’augmenter mais de le transformer,
c’est tout l’enjeu des modifications génomiques permises par la
technique CRISPR/Cas9 pour modifier génétiquement des embryons humains
ouvrant la voie à un eugénisme actif.
Nous vivons donc dans un temps où la technique peut beaucoup mais où
l’éthique, la philosophie, la rationalité semblent en retard ou en
retrait vis-à-vis de ces nouveautés.
Comprendre ce qu’il est possible de faire sur l’homme, se demander pour
quoi augmenter l’homme, quels sont les enjeux politiques, sociaux,
moraux du post ou trans-humanisme sera l’objet de ce colloque.
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[1] Ces distinctions appartiennent à l’anthropologue et sociologue
allemand Arnold Gehlen (1904-1976),_ in_ _L’homme à l’âge de la
technologie_, 1957, non traduit.
[1] Philosophe allemand, _in_ _L’heure du crime et le temps de
l’œuvre d’art_, trad. Olivier Mannoni, Calmann-Lévy, 2000.