C’était l’autre jour, sur la radio de « service public » (c’est-à-dire au service de la gauche et de ses organisations). Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche, réagissait à la liquidation d’Arkema par son nouveau propriétaire américain : « On a besoin de PVC en France ! » Le PVC, vous savez ? Ce produit cancérogène qui bouffe le foie de ceux qui le fabriquent et intoxique ses consommateurs, au bout des tuyaux et des canalisations (voir Le cancer de l’industrie) Mais bien sûr, du PVC français, nationalisé et produit sous contrôle syndical, cela changerait tout.
Au temps pour « l’écosocialisme » et « la lutte contre le productivisme », les faux-fuyants écolos de la gauche industrielle. Il ne s’agissait ni d’une bévue, ni d’un cas isolé. Parmi une multitude de projets « écosocialistes » destinés au « redressement industriel », à la croissance et à l’emploi, Jean-Luc Mélenchon, son Parti de Gauche et/ou son Front de gauche, défendent la candidature d’Annecy aux Jeux olympiques d’hiver, le TGV Lyon-Turin, le méga-canal Seine-Nord-Europe, la construction d’Iter à Cadarache et la colonisation des fonds marins.
Cela méritait bien cette « Critique de la planification écologique » (à télécharger ci-dessous), contre ce leurre du Front de Gauche pour pêcher l’écolo écœuré de l’arrivisme des Verts et de leur projet de capitalisme vert (tout est vert chez les Verts).
Cette critique figure à la suite de L’Enfer Vert. Un projet pavé de bonnes intentions (édition revue et corrigée), publiée le 15 avril 2013 aux Editions L’Echappée (126 p., 9 euros).
C’est que le projet Vert et le projet Rouge se croisent dans la planification et la technologie pour aboutir à une « planète intelligente » (IBM). La mise en place d’un Etat d’urgence global, innervé par la cybernétique. « Les limites nécessaires à la préservation de la vie seront calculées et planifiées centralement par des ingénieurs écologistes, et la production programmée d’un milieu de vie optimal sera confiée à des institutions centralisées et à des techniques lourdes. C’est l’option technofasciste sur la voie de laquelle nous sommes déjà plus qu’à moitié engagés. » (André Gorz, Ecologie et liberté, 1977)
Nous y voici. Tandis que la technocratie verdit, la verdure se technocratise. Le constat officiel de l’effondrement écologique et social proclamé à tous les échelons de l’autorité, du local au global, accélère la fusion entre la classe experte (scientifiques, ingénieurs, techniciens) et la politique écologiste (associations, partis, appareils). Fusion d’autant plus naturelle que nombre d’écotechniciens incarnent ce double visage, à la fois Bac +5, CSP+, cadres urbains du public ou du privé, et voraces prétendants à la direction de ce Green New Deal, de ce capitalisme reverdi dont ils représentent l’ultime chance. Ce qui est décrit ici, c’est l’ascension et l’extrémisme de l’écolo-technocratie, des années 1970 à nos jours. Destruction et artificialisation des derniers lambeaux de nature, construction de gigantesques infrastructures, police électronique et informatique via les puces RFID.
L’auteur du livre, Tomjo, rédacteur au journal lillois La Brique et animateur du site Hors-sol, n’était pas né quand les plus lucides critiques de l’écologie politique nous mettaient en garde contre ce techno-fascisme vert à pois rouges, ou rouge à pois verts, dont il décrit aujourd’hui l’avènement.
(Pour lire Critique de la planification écologique, cliquer sur l’icône-ci-dessous.)
Lire aussi :
– la collection Négatif, à L’Echappée
– Métro, Boulot, Chimio, éditions Le Monde à l’envers