Voici une revue des rapports entre islam et technologie par TomJo (à ouvrir ci-dessous).
Avant-propos
Le transhumanisme islamique se développe en France, sur la toile. Le Pakistan possède la « bombe atomique islamique ». La technocratie chiite iranienne l’aura bientôt. L’Arabie et les Emirats développent les « technologies convergentes » (NBIC) et les smart cities. L’Etat islamique (Daech) appelle les ingénieurs et les spécialistes à le rejoindre de tout l’islam pour construire son califat. Quoi de neuf ? A-t-on oublié que le premier soin de l’Algérie indépendante avait été le développement conjoint de l’islam et de l’industrie ? Que « l’âge d’or de l’islam » avait coincidé avec une floraison des sciences et techniques, dont le fameux al-jabr (825) ?
Imaginons la Sainte Inquisition catholique, échappée de son Moyen-Age, régnant sur un Etat pontifical d’un milliard et demi d’habitants et de millions de kilomètres carrés, forte des plus riches gisements pétroliers de la planète, employant son trésor et sa puissance à répandre sa version terroriste, tyrannique et totalitaire du christianisme. (cf. Histoire de l’Inquisition au Moyen-Age. H. C. Lea. Editions Jerome Millon) Il y aurait des différences cependant. Il n’y a pas « d’affaire Galilée » en Islam. Ni le Califat, ni les plus obtuses instances islamiques n’ont persécuté les scientifiques. Les poètes et les penseurs suffisaient à leur vindicte.
Et inversement, malgré les bûchers de sorcières, l’Inquisition n’a pas réduit les femmes de la chrétienté à la terrible condition des femmes d’islam. Mais peut-être s’agit-il là d’une variation ethnique de la domination masculine. Les Européennes n’ont jamais perdu cette liberté des Gauloises, des Germaines, des Vikings, attestée par les chroniqueurs contemporains, les historiens latins et les sagas scandinaves, que les Arabes, les Perses et les Turques n’ont jamais connue.
Nous, mécréants, laïcards, franchouillards, etc., peinons à comprendre le phénomène qualifié de « djihadisme », « islamisme », « intégrisme musulman », qui ravage depuis des décennies, pays après pays, l’immense zone de culture islamique, assassinant, massacrant, terrifiant ceux qui lui résistent ; exterminant toute différence de conscience, d’opinion, de morale, de comportement.
Ce fanatisme de la servitude (Islam, soumission) et de l’oppression, procède d’une vérité révélée, c’est-à-dire irrationnelle, d’un pur arbitraire imposé par la violence. Les Occidentaux sidérés par cette peste qui s’étend à leurs pays se cherchent les torts et les crimes méritant pareil châtiment. Une telle furie doit avoir de bonnes raisons, des explications, des excuses. Etant à la fois rationalistes et chrétiens de culture ( péché, examen de conscience, confession, contrition, etc.), ils trouvent évidemment ces raisons, ces explications, ces excuses, humblement offertes à leurs ennemis. Nous payons, selon nos directeurs de conscience, pour nos ancêtres (les croisades, les colonies), pour nos classes dirigeantes ( guerres impérialistes, pillages économiques), pour nos discriminations (racisme, « islamophobie »), d’où les trombes de reproches et de repentance dont ils nous couvrent.
« Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre. » (Matthieu 5, 38)
La soumission au méchant peut mener loin. Révoltés par la violence industrielle de la Grande Guerre, les pacifistes des années trente (chrétiens, communistes, anti-militaristes, anti-capitalistes), ne cessent de trouver des raisons, des explications, des excuses à « la bête immonde ». C’était la faute du Traité de Versailles ; de l’humiliation allemande ; des réparations de guerre ; de l’occupation de la Ruhr ; des impérialistes français et anglais – et des juifs, naturellement (mais vous pouvez dire Israël). Tout, plutôt que de reconnaître que le nazisme allemand les avait choisis pour ennemis en dépit de leurs protestations d’amitié, de leurs actes de contrition et de leurs plus abjectes concessions ; et qu’il n’aurait de cesse que de les avoir anéantis.
On se fait de l’islamisme aujourd’hui, la même idée fausse et mystifiée que du nazisme autrefois : on les réduit à des mythomanies archaïques. On confond la propagande idéologique avec l’actualité matérielle. Au-delà de ses Wahalla nébuleux, de son primitivisme forestier et germanique, de ses défilés aux flambeaux et en culottes de peaux, le nazisme allemand mobilisait une machine de guerre scientifico-industrielle de premier ordre. De même le fascisme italien avec son salut « à la romaine » et ses mises en scène « impériales », dignes des péplums de Cinecitta. Les Etats et mouvements réactionnaires au plan social et humain, sont aussi progressistes que les communistes et les démocrates au plan scientifique et technologique. C’est normal, leur triomphe en dépend.
On ne peut guère imaginer plus archaïque que la restauration d’un état disparu depuis deux millénaires, dans le décor, la langue et les rites de l’Ancien Testament. Les sonneries du shofar et les prières des rabbins n’y auraient pas suffit. C’est grâce à la symbiose entre Tsahal et le Technion Institute, au perpétuel va et vient d’ingénieurs et d’officiers entre l’une et l’autre qu’Israël, la « start-up nation », produit les équipements high tech qui lui permettent de contrôler Gaza et de résister à la douzaine de pays arabes et/ou musulmans qui veulent sa peau. Dieu n’est plus avec les gros bataillons, mais avec les bataillons technologiques.
Les flammes, les sabres, les sourates, les cavaliers, les turbans, les barbes, les voiles et les noirs étendards qui saturent la propagande islamique ne sont que des signes de reconnaissance et des miroirs identitaires . Ce n’est pas de retour au désert, sous la tente, avec leurs chameaux et leurs dattes que rêvent les islamistes, mais de smart life dans une smart (islamic) city.
Les sociologues relèvent une sur-représentation d’ingénieurs et de techniciens parmi les djihadistes, plutôt que de philosophes, d’historiens, de représentants des belles lettres et des sciences humaines et sociales. Cette disproportion se retrouve dans les mouvements d’extrême-droite européens. Ce nouvel aspect de la querelle entre Les deux cultures (C. P. Snow) trouve son explication dans l’étude de Theodor Adorno sur La Personnalité autoritaire (1950). Contrairement aux intellectuels, les bigots de la science et les techniciens du sacré ont les réponses. Il suffit de se reporter au dogme établi. Ce sont des hommes machines, incapables de pensée autonome - et donc horrifiés par la pensée, saisis de vertige à l’idée de se pencher sur leur propre vide. Des hommes d’action, avides de fonctionner, de remplir les rites et les procédures pour combler leur gouffre intérieur et calmer leur panique. Dans le camp de concentration comme dans la centrale nucléaire, il n’y a pas de pourquoi ? Il n’y a que du comment ? « Hier ist kein Warum », jette un gardien à Primo Levi qui lui demande pourquoi il n’a pas le droit de regarder par la fenêtre de sa baraque. (Si c’est un homme) C’est comme ça et ça ne peut être autrement.
L’homme, selon Jacques Ellul, ne peut s’empêcher de sacraliser la puissance qui lui est extérieure. La technique ayant détruit la nature, c’est la technique qu’il sacralise. (cf. Le Système technicien) L’islam technolâtre et le transhumanisme sacralisateur incarnent aujourd’hui les deux pôles de ce monde sans pourquoi, mais saturé de comment où nous sommes condamnés à résister.
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