En librairie : De la technocratie. La classe puissante à l’ère technologique, par Marius Blouin. Voir ici.
Nous voici entre Marseille et l’Algérie, entre 1830 et 1870. La France a conquis l’Algérie mais sans trop savoir pour quoi faire et les avis s’affrontent durement entre colonistes et arabophiles ; entre civils et militaires ; entre les gauches et les droites. Les gauches, des républicains aux anarchistes, en passant par les socialistes et les communistes, soutenant souvent l’éradication des propriétés et traditions indigènes – comme aux Etats-Unis - au nom du progrès industriel et universel. L’empereur, Louis-Napoléon – certes progressiste, industrialiste et saint-simonien – s’efforçant, lui, de promouvoir un « royaume arabe » géré par les élites indigènes et modernistes, en harmonie avec la France, afin de transformer la Méditerranée en lac de paix strié de canaux et de lignes maritimes, ferroviaires, électriques et télégraphiques.
Et en effet, les ingénieurs et apôtres saint-simoniens s’activent - Barthélémy Enfantin, Michel Chevalier, Charles Lambert Bey, Gustave d’Eichthal, Ismaël Urbain, parmi beaucoup d’autres – afin de réaliser le Système de la Méditerranée annoncé en 1832. Et en effet, ils trouvent des protecteurs importants et des associés enthousiastes en Egypte et en Algérie, tels le pacha Méhémet Ali, et tous ces ingénieurs, fonctionnaires et intellectuels, acteurs de la « Nahda », la « renaissance arabo-musulmane ».
Et cependant Marseille et son port servent de base arrière à tout ce mouvement qui transforme effectivement le bassin méditerranéen. Le canal de Suez est inauguré en 1869. L’Egypte est devenue un pays industriel (textile, hauts-fourneaux). L’Algérie… mais voyez plutôt ce que le saint-simonien Ismaël Urbain, métis franco-guyanais converti à l’islam et marié à une Algérienne, interprète franco-arabe, auteur de L’Algérie pour les Algériens, et de L’Algérie française, indigènes et immigrants, conseiller de Napoléon III, a tenté en Algérie, avant que la débâcle de 1870 n’emporte avec elle, et l’empire français et le « royaume arabe ».
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Lire aussi :
TomJo & Marius Blouin, Bleue comme une orange
Chap. 1 : Vues générales historiques et physiques - Pour moins patauger dans les Pays-Bas
Chap. 2 : L’orangisation agricole du Moyen-Âge
Chap. 3 : Je lutte et j’émerge
Chap. 15 : Saint-Simon, l’ingénieur-prêcheur de l’industrialisme
Chap. 16 : Lyon, 1830-1834, chef-lieu de l’industrialisme
Chap. 17 : 1831-1834. Les femmes aussi