Disponible en librairie : Alertez les bébés ! (Objections aux progrès de l’eugénisme et de l’artificialisation de l’espèce humaine). Voir ici
Avis aux intéressés : les 5e « rencontres internationales contre les technosciences » auront lieu à Alessandria, en Italie, les 28, 29 et 30 juillet 2023. (Voir ici le programme et les détails pratiques). Ces rencontres sont organisées par Resistenze al Nanomondo, avec qui nous avons participé aux Enfants de la machine, le n° 65 de la revue Ecologie & Politique, publié en novembre 2022 et consacré à l’eugénisme, aux biotechnologies et à la reproduction artificielle de l’humain.
Si vous l’avez manqué, il est épuisé – mais vous pourrez en lire l’édition italienne à l’automne, si vous lisez l’italien ? Non ? Alors il ne vous reste qu’à lire « Naissance, nature et liberté », notre contribution à ce volume collectif (1) ; ou encore Les lettres simiesques du Professeur Bonobo, dont nous avons déjà posté quatre spécimens ; et qui dissèquent les accusations d’ « écofascisme » portées par l’Illustre Professeur Flappi et ses pareils contre notre livre et ses auteurs.
« Ecofascistes » (var. « biocentrés »), c’est l’infâmie en vogue à l’extrême-gauche de la Machine pour disqualifier les défenseurs d’une humanité libre dans un monde vivant. Quitte, par ailleurs, à radoter ad nauseam les mots d’ordre confusionnistes de la cybernétique et de la deep ecology fusionnées : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend ». Nous les cyborgs, les transhumanistes, technologistes et machinistes. Nous et nos machines. Nous, machines. Nous la Machine Nature. Car la nature est une machine et les machines sont naturelles. En même temps, oui. Aussi n’est-il pas question d’être « binaire » ou « dualiste », de choisir ou de distinguer entre l’une et l’autre – ce serait « fasciste ».
Le faux « antifascisme » en vigueur ces jours-ci, l’antifascisme de confort, consiste à ne rien exclure, sauf ce qui contredit les désirs de puissance des machins : pulsions, lubies, caprices. Aussi le faux « antifascisme » a-t-il renversé l’ancien régime de vérité. Cette vérité-là, la vérité des faits (autant qu’on peut les établir), le principe de non-contradiction (A et non-A), c’était la « mauvaise vérité » (« fasciste »). Mauvaise à dire parce qu’elle limitait potentiellement la puissance des machines désirantes. Heureusement, le progrès technologique et la falsification des mots et des idées permet aux faux antifascistes de transformer le monde et ses « mauvaises vérités » pour lui substituer magiquement l’illusion d’un monde magique, asservi au principe de plaisir. « – Tu dis que tu es une jeune et jolie nymphe, Guillaume ?... Mais oui, bien sûr, si ça te fait plaisir. Naïade, dryade ou néréide ? Dis-nous juste comment il faut t’appeler. » Où ne va pas se loger « l’inclusivité » chez les faussaires de l’idéologie industrielle !
De même que le soixante-huitisme, sous son camouflage caricaturalement « bolchevique » ou « hippie », avait signalé, accompagné, accéléré la liquidation de l’ancien mouvement révolutionnaire et de la classe ouvrière de masse, au profit de la société de consommation et de la classe technoïde des services et du secteur tertiaire ; de même l’actuelle marée verte (voir ici) sous ses divers camouflages « écologistes » (« éco-socialistes », « écoféministes », « éco-queers », « éco-décoloniaux », « collapsologues », « éco-technologistes » (!), etc.) prépare la liquidation finale de la nature et de ses défenseurs. S’ils viennent sur notre terrain, c’est pour l’occuper, nous en chasser, puis faire table rase pour édifier leur machinerie totale, et totalement inclusive ; ne laissant rien de libre, de spontané, de vivant, d’imprévu, de contradictoire, en dehors d’elle.
Il est facile de se faire de la publicité et d’obtenir un label vert en s’inscrivant aux Soulèvements de la Terre, et en s’exhibant sur lesdits soulèvements pour s’en faire une tribune ; il est plus rude d’aller à contre-marée en s’opposant à la société industrielle, comme cause majeure du réchauffement climatique (technocène), et du ravage planétaire.
Il est facile de se prétendre « technocritique » en recyclant des éléments partiels et anciens d’une critique qui ne se bornait pas aux usages policiers des TIC, ni à la dénonciation grégaire de ce qu’il est devenu conformiste de dénoncer : par exemple les nuisances des écrans ou le pillage de l’eau par l’industrie des semi-conducteurs. Il est plus rude (plus « clivant ») de s’opposer à toute reproduction artificielle de l’humain, stade actuel de l’eugénisme transhumaniste et seuil critique pour l’espèce, à l’entrée du monde et du règne machinal (là).
Demandez à tous ces « penseurs du vivant » qui pérorent dans les pages du Monde et sur le site des Terrestres. Tout ce que veulent en vérité ces enfants de la Machine, c’est leur survie climatisée ; la garantie de leur bon fonctionnement au sein du bon fonctionnement général du système machinal. ( voir Charbonneau, Le Feu vert)
Et pourtant, ils nous attaquent. Ils nous désignent comme « leur autre », leur « anti », leur « phobe » ; nous les minoritaires, les solitaires, les obscurs et confidentiels ; nous ces naturiens, luddites, primitivistes, décroissants, anti-industriels, écologistes radicaux, que dans leur monde réellement à l’envers, les penseurs de la Machine dénoncent comme « écofascistes ». Encore une révélation.
Les « écofascistes » selon eux ne sont plus les ingénieurs nucléaires, les concepteurs de QR-codes et de la cyberpolice (l’organisation cybernétique de la polis), mais ceux qui les contredisent et qui ont donc une chance d’être entendus. Quitte à nous rabattre sur cette vieille droite (Eléments, Alain de Benoist), qui, tels les trotskystes, drague tout ce qui a sa minute de célébrité ; de Guy Hocquenghem, histrion de la cause gay (Cf Libération, 5/6 juillet 1979), à Houria Bouteldja, histrionne de l’islamisme arabe (Cf Revue Eléments, mars 2023). Voilà à quoi s’abaissent nos « penseurs du vivant/machine ». Faut-il que nos idées soient fortes, bien plus qu’elles ne le paraissent et que nous le croyons nous-mêmes.
Les penseurs de la Machine voudraient nous éradiquer. Si isolés que nous paraissions, le maintien d’une critique authentiquement radicale menace leur magistère de la fausseté. Non seulement nous sommes leur mauvaise conscience – insupportable – haïssable – mais aussi le risque. La rouille, le grain de sable.
Des mots, des idées que nous mettons en circulation ; et qui peuvent littéralement tomber sous les yeux de n’importe qui, entrer dans n’importe quelle tête ; peut à tout moment surgir la découverte de leur facticité et d’humiliants éclats de rire.
Pas d’inquiétude, nos « penseurs » ne sont jamais morts, ils ne mourront jamais du ridicule. Ils mettront comme d’habitude leur imposture à jour, intégrant dans la nouvelle version ce qui sera devenu évident pour tous et qu’ils prétendront révéler comme leur propre illumination conceptuelle. Voilà pourquoi nous, les naturiens, nous devons continuer notre combat pour des dénominations correctes. Notre critique est invincible si nous la tenons. Il ne tient qu’à nous de la tenir.
Si vous voulez sauver le monde, nommez les choses par leurs noms. Sans falsifier le sens des mots, ni falsifier les choses ainsi nommées.
« Confucius avait souvent dit que, si seulement un souverain voulait bien l’employer, en un an il accomplirait beaucoup, et en trois ans il réussirait. Un jour, un de ses disciples lui demanda : "Supposez qu’un souverain vous confie un territoire que vous pourriez gouverner à votre guise ; quelle serait votre première initiative ? – Ma toute première tâche, répondit Confucius, serait assurément de rectifier les dénominations." Le disciple fut interloqué : "Rectifier les dénominations ? Et ce serait là votre priorité ? Parlez-vous sérieusement ?" (Mais Chesterton ou Orwell auraient immédiatement saisi et approuvé cette idée.) Confucius dut lui expliquer : "Si les dénominations ne sont pas correctes, si elles ne correspondent pas aux réalités, le langage est sans objet. Quand le langage est sans objet, l’action devient impossible, et en conséquence, toutes les entreprises humaines se désintègrent : il devient impossible et vain de les gérer. C’est pourquoi la toute première tâche d’un véritable homme d’Etat est de rectifier les dénominations."
(Simon Leys, Une introduction à Confucius, Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 1995. Disponible sur : < www.arllfb.be >)
(1) Revue Ecologie & Politique n°65, automne 2022, Editions du Bord de l’eau.
(Pour lire le texte paru dans la revue Ecologie & Politique, ouvrir le PDF ci-dessus.)
Lire aussi :
De l’eugénisme d’état à l’eugénisme libéral : où vont les biotechnologies ?
Les acceptologues