Jacques Luzi, ces jours-ci, fait de la guitare, de la peinture et de la critique sociale, sans être peintre ni guitariste – mais tout de même critique et animateur de la revue Ecologie & Politique - d’où son résumé serré de ce moment du monde. De son agonie – finale ? – depuis deux siècles d’emballement industriel et de course à la puissance.

Au café, deux vieux du quartier me demandent « sur quoi je travaille », et je leur donne quelques éléments du diagnostic que je suis en train de lire : « Intensification du bellicisme », « mobilisation religieuse des masses », « désastre écologique ». – Rien ne va plus, que je leur dis en résumé du résumé. – Ohoo, mais c’est pas nouveau ça ! Ici, y’avait que des champs, dit le premier, avec un geste qui enveloppe le parking, les bâtiments, la circulation, au-delà de la vitrine… Moi, je labourais pour le maire, avec le cheval ! – Y’avait que des fermes, dit le second. Mon père chassait les alouettes. Et puis des sources !... Des sources partout ! Le premier immeuble qu’on a habité, il s’appelait La Source ! – Mais comment vous avez pu supporter ça ? dis-je bêtement, en montrant le béton, le bitume, les bagnoles et le bruit dehors. Cette question ! – On n’a pas eu le choix. – Et c’est pas fini. Là, ils ont décidé de construire des immeubles plus hauts et de faire venir des gens à La Fauconnière.

Et Luzi, comment fait-il pour « survivre et vivre en des temps obscurs » ? – En dehors de la guitare et de la peinture, veux-je dire. Il tâche de penser. « Prise dans ce déchaînement de la déraison, la raison est un combat, probablement perdu d’avance. Il n’empêche : elle demeure la dignité de ceux qui n’abdiquent pas. »

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