La revue L’Inventaire publie son quatorzième numéro en dix ans. Ne la cherchez pas sur le Net. Il arrive qu’on y parle d’elle, mais non qu’elle-même y parle. Relative cohérence s’agissant de critique « anti-industrielle », puisque c’est sous ce nom que l’on attaque des principes, des textes et des individus dont la revue est solidaire. Quoique l’on puisse, heureusement, la lire imprimée sur du papier. Il suffit pour cela d’envoyer un chèque de 10 euros à l’ordre de :

L’Inventaire
2215 route des Petits Bouchoux
Petite Combe, 39370 Les Bouchoux
(Tel : 03 84 42 77 96)

Abonnement : 24 euros pour trois numéros, frais de port à prix libre. On suppose que d’anciens numéros sont disponibles.

Osera-t-on dire un mot de cette revue discrète, et qui semble vous parler parfois d’un ton feutré et confidentiel, vous forçant à vous pencher afin d’entendre des propos tout en mesure et pince-sans-rire. (Mais c’est peut-être juste qu’on devient sourdingue.)
Non. Pas maintenant, pas ici (Internet). Ce serait heurter ce souci de retenue, de prudence, d’indépendance dans les querelles politico-militantes, en même temps que d’être un lieu de débat pour ceux « qui ne veulent ni déléguer la conduite de leur vie, ni céder leur part des affaires communes, ni renoncer à leur humaine condition » (suivant l’épigraphe rituelle).

Autant s’en tenir au sommaire de ce numéro 14.

– Editorial. « Dix ans après notre premier numéro, nous avons obtenu notre première vraie critique, fielleuse, indigente et malhonnête. »
Majeure et (non)-vaccinée. Témoignage d’une éducatrice suspendue, par Elsa Ferrari. Une expérience extrêmement digne en sciences humaines et sociales.
– Note sur Des vaccins et des hommes d’Anne Georget, par Raphaël Deschamps. A propos d’un documentaire d’Arte sur les incertitudes techniques et sanitaires de la vaccination de masse.
– Note sur Le Management fantôme de la médecine de Sergio Sismondo, par Maxime Lebecque. La médecine comme activité industrielle d’extraction de données à partir du corps humain.
Faut-il arrêter la recherche scientifique ? Un entretien avec le biophysicien François Graner. L’un des scientifiques à enquêter sur la provenance du virus de la Covid-19, et sur la science en tant que vecteur de puissance.
Dans le dos des maisons, par Matt Mahlen. Une page de poésie.
William Morris, par Edward P. Thompson (trad. Annie Gouilleux). L’historien marxien des luddites parle de celui qui essaya jusqu’au bout de ses forces : artiste, poète, artisan, militant.
Bienvenue à la Caisse d’allocation fictionnelle, par L’Inventaire. La bureaucratie face à la « question trans », lorsque le cas concret se présente au guichet.
Réification de la conscience dans l’espace numérique, par Lucas Magnat. Voir Lukacs (Histoire et conscience de classe, 1923). Voir Gabel (La Fausse Conscience, 1962). Voir Debord (La Société du spectacle, 1967).

Un programme de lecture et de réflexion sans doute plus vaste que son public. Ce numéro 14 ne sera pas disponible en librairie avant janvier 2025, aussi mieux vaut le commander dès maintenant à la rédaction.
– Quoi d’autre ? Rien. Don’t worry, be happy (Bobby Mac Ferrin).