Communiqué

Aujourd’hui, vendredi 20 novembre, à l’occasion de la fête de la science « spécial lycéens » à Minatec, nous prenons d’assaut le premier centre européen pour les micro et nanotechnologies. Armés de tracts, d’affiches et de banderoles, nous sommes venus avec la ferme intention d’investir couloirs et salles de classe, bureaux et labos, afin de réaffirmer notre refus du nanomonde et de la propagande qui l’accompagne..

No nano !

Nous ne voulons pas être contrôlés à tous les moments de notre vie. A Minatec, les chercheurs travaillent à rendre encore plus efficaces et invisibles les appareils de contrôle : caméras intelligentes, drones de surveillance, ou encore puces RFID. Ces puces minuscules contiennent des informations lisibles à distance et seront bientôt présentes dans tous les objets, voire sous notre
peau.

Nous ne voulons pas de l’être humain amélioré que nous promettent les
technologies convergentes (nanotechnologie, biotechnologies, neuroscience et
informatique.)

Nous n’avons que faire de frigos, textiles ou maison intelligents, du dernier
téléphone portable, ni de tous ces gadgets inutiles qui nous privent de notre
autonomie. Nous ne voulons pas confier toute notre vie à des robots.

Enfin, nous ne croyons pas que l’on résoudra les désastres générés par deux
siècles de capitalisme industriel, par de nouvelles innovations technologiques.
Avant de vouloir dépolluer ou soigner les cancers à l’aide de nanoparticules,
nous pensons qu’il faut d’abord attaquer les causes de ces problèmes :
industries, pesticides, nucléaire...

L’acceptabilité : comment faire passer la pilule des nanos

Les nanos, posent donc de sérieux problèmes, qu’ils soient environnementaux,
politiques, sociaux ou éthiques... Les chercheurs, industriels et politiciens le
savent bien et ils craignent que malgré tous leurs efforts, les critiques et les
craintes liées aux nanos ne gagnent l’opinion publique. C’est ce qu’ils
appellent le « syndrome OGM » C’est pour éviter cela qu’interviennent les
spécialistes de l’acceptabilité sociale.

L’acceptabilité se situe au croisement du marketing et de la propagande. Ce sont toutes les méthodes employées pour vous habituer aux nouvelles technologies, pour vous faire croire qu’elles sont indispensables (Mais comment faisait-on pour vivre il y a 10 ans sans téléphone portable ?!), pour les rendre « cool », pour vous rassurer et dissiper toutes vos craintes.... Autant de moyens déployés pour faire de vous de bons consommateurs d’innovations technologiques.

Et pour faire en sorte que vous ne vous posiez pas trop de questions :

Ces innovations répondent-elle à un vrai besoin ?

A qui profitent ces innovations ?

Nous a t-on demandé notre avis ?

Comment sont-elles produites, et à quel prix ?

Quelle place laissent-elles à notre autonomie et à nos libertés ?

Aujourd’hui, l’acceptabilité est une discipline en pleine expansion. Minatec par
exemple, lui a consacré un laboratoire : IDEAs Lab. En partenariat avec des
entreprises et des universités (Stendhal et Pierre Mendes France), il regroupe
des chercheurs en sciences dures, et des chercheurs en lettres et sciences
humaines (sociologues, psychologues, artistes.. ). L’acceptabilité, c’est aussi
le rôle du Centre de Culture scientifique, Technique et Industriel (CCSTI). En
ce moment même, cette institution lance les concours FUTU et SITU, adressés aux 18-25 ans, contribuant à rendre « fun » les nanotechnologies.

L’acceptabilité vous la vivez au quotidien : bornes biométriques installées dans
des écoles, possibilité de payer son entrée dans certaines boites de nuit avec
une puce sous cutanée, puçage électronique obligatoire des animaux, ou encore stands pro nanos à la fête de la science...

L’acceptabilité dans toute sa splendeur : le faux-débat public de la CNDP.

L’Etat a lancé en octobre une grande campagne d’acceptabilité des nanos.
Jusqu’en février, 17 « débats » publics seront organisés par la Commission
Nationale du Débat Public (CNDP) dans les plus grandes villes de France. Ces « débats » qui interviennent après des décisions déjà prises (Minatec a été
inauguré en 2006) ne sont là que pour vous faire accepter les nanotechnologies.
Faire participer, c’est faire accepter, disent les experts en acceptabilité de
France Telecom.

Partout en France des opposants dénoncent ce faux-débat, et expriment leur refus des nanotechnologies. A Strasbourg, Toulouse, Clermont Ferrand, les réunions ont été perturbées. A Lille, les opposants ont fait annuler le faux débat.

A Grenoble, ce sera le 1er décembre...

Récit

Invasion de Minatec

Aujourd’hui, vendredi 20 novembre, Minatec a ouvert ses portes pour accueillir des classes de lycéens à l’occasion de la fête de la science.
Une quarantaine de personnes en ont profité pour s’introduire dans les locaux avec l’objectif de réaffirmer leur refus du nanomonde et la propagande qui l’accompagne.

Après nous être mélangés à des groupes de lycéens, nous avons commencé à
distribuer des tracts et coller des affiches. Le tract est lu à certaines classes. Pendant ce temps une banderole « Fermez Minatec » était déployée sur le parvis, des tracts distribués aux passants et au personnel, et des affiches collées en ville.

Affolement chez les organisateurs de la fête de la science. Assez rapidement, les vigiles déboulent et s’emparent des personnes qui distribuent des tracts. Certaines personnes résistent et s’exclament : « on ne fait que de l’information, les lycéens ont le droit d’être informés de la société de contrôle qu’on prépare ici. » voire « Il n’y a pas de place pour la démocratie à Minatec. » Une personne s’accroche à une plante verte et se fait tirer par trois vigiles sous l’œil ébahi des lycéens.

Il leur faut une demi-heure pour trouver tout le monde. Les derniers sont évacués après une course poursuite dans les couloirs de Minatec.

Nous avons ensuite investi l’école d’ingénieurs Phelma, partie intégrante de Minatec. Distribution de tracts, collages d’affiches, perturbation de cours, devant le personnel blasé.

Retour sur le parvis. Une demi-heure passe avant qu’une alarme incendie se déclenche, faisant prendre une récréation forcée aux futurs ingénieurs. Les derniers tracts leur sont distribués. Contrairement aux lycéens, ils se montrent peu intéressés voire carrément rétifs.

Sur ce, nous quittons les lieux en chantonnant « Tout le bonheur du nanomonde. »

We will be back.

Algunos antinanos