Les producteurs de la Coop’Equita de Bordeaux subissent des tracas policiers suite à leur refus de se conformer aux procédures techno-administratives de traçabilité (étiquetage, codes informatiques, puçage électronique).
Voici le récit de l’une d’entre eux, ainsi que le communiqué de la CNT-Syndicat des travailleurs de la terre et de l’environnement Aquitaine (à télécharger ci-dessous).
Le jeudi 21/07 un des paysans affiliés à Coop’équita a envoyé un message à la liste mail des "mangeurs et mangeuses" qui fréquentent la coop afin de proposer de la viande d’agneau et de brebis, en gros, sur commande. Il a expliqué en détail les caractéristiques de sa méthode d’élevage, ainsi que le processus d’abattage qu’il comptait utiliser. Des commandes ont été passées directement sur son adresse mail. La livraison était annoncée pour le samedi, lors de l’ouverture hebdomadaire de la coop.
Le samedi 23 juillet, le service de répression des fraudes et la DDSV (Direction départementale des services vétérinaires) sont intervenus dès l’ouverture de la coopérative. Quatre personnes sont venues.
Elles ne se sont pas identifiées de suite. Un inspecteur accompagné d’une policière (en civil) sont rentrés sur notre lieu de vente en posant des questions comme des clients qui découvrent ... En même temps, une inspectrice et un policier (en civil), guettaient l’arrière du camion, pendant que le producteur se faisait aider à décharger. Il y avait du monde et j’ai demandé qu’ils attendent. La viande et les oeufs étant rentrés, l’équipe était au complet. C’est à ce moment-là, qu’ils ont annoncé le contrôle !
Pendant un certain temps, nous (producteur, productrice et syndicalistes) avons résisté et servi à celles et ceux venus faire leurs achats, tout en répondant aux questions et présentant notre démarche, mode de fonctionnement ainsi que les produits, par producteur.
Même s’ils ont vérifié absolument tout, nous avons tout de suite pris conscience du fait que l’objet de leur venue était la viande.
Pour les produits non périssables tels que riz, sésame et haricots issus du commerce équitable (coop Andines), ils ont mis de côté 2 ou 3 paquets dont la date était dépassée, en nous faisant de la pédagogie.
Pour les produits fermiers/artisans, ils nous ont interdit de vendre du miel, du jus de pommes (par manque de code d’emballeur) et les confitures par défaut d’étiquetage. Cette interdiction étant levée par la suite, au moment de leur départ.
Concernant la viande, le producteur à subi un entretien afin d’expliquer dans les moindres détails sa démarche. En plus de lui signaler son illégalité, ils ont annoncé la saisie de la marchandise : 115 kg de viande et quelques douzaines d’oeufs. Afin d’éviter le coût de cette saisie, ils nous ont donné l’alternative de casser les oeufs et de souiller la viande, c’est-à-dire de la mettre, par petits lots, dans des poches poubelles en l’aspergeant d’eau de javel. Comme nous avons refusé de faire usage de tel produit nuisible à l’environnement, ils ont accepté l’utilisation d’un détergent d’entretien pour les sols que nous avons en rayon. Nous sommes donc passés à l’acte sous leur regard attentif. Au final, les oeufs cassés et les lots de viande souillés sont partis à la poubelle, toujours sous leur surveillance. Un procès verbal à été remis à l’éleveur.
Par la suite, nous avons dû communiquer les registres trimestriels de vente et un bilan comptable correspondant.
Depuis, nous avons reçu un rapport de non conformité, celui-ci nous signale aussi des aspects qui ne correspondent pas tout à fait à la nature de notre lieu de vente.
Pour le moment, il n’y a pas eu d’autres suites à cette affaire, ni pour l’éleveur, ni pour les autres producteurs dont les coordonnées ont été relevées. Nous organisons deux soirées de soutien courant octobre, dont l’objectif est de créer un fond de réserve pour faire face aux conséquences financières, amendes/procès ou autres suites possibles.
samedi 15 octobre 2011 à 18h30
Coop’Equita, 36 rue Sanche de Pommiers, Bordeaux