A la librairie les Bas-Côtés (59 rue Nicolas Chorier - 38000 Grenoble)
A Grenoble, Lille ou Nantes, les écotechs Verts se présentent - à juste titre – comme les meilleurs gestionnaires du système, les plus compétents, les plus experts candidats à la direction de ce Green New Deal qu’ils revendiquent. Bref, la meilleure et peut-être l’ultime chance d’un capitalisme reverdi. Depuis les dernières élections régionales et grâce à la mise en place d’une machine électorale enfin rôdée aux manigances politico-financières, leur bureaucratie ne ne tient plus en vue des postes ministériels, administratifs, de sénateurs ou de députés, si longtemps convoités. A Lille, ils instaurent la gestion de la vie quotidienne par puces RFID, au Conseil régional Rhône-Alpes, ils ont soutenu le projet de TGV Lyon-Turin. Il n’est pas jusqu’à la catastrophe de Fukushima qui ne serve leurs appétits, lorsque dans leurs négociations avec la sociale-technocratie du PS, ils bradent la fermeture des centrales nucléaires contre un supplément de députés.
On vous parle donc de partout, du techno-monde unifié par l’économie. Il s’agit d’une dictature technique au nom de l’urgence écologique. Laquelle utilise l’effondrement de la société, du lien social jusqu’à la biodiversité, pour justifier son emprise totale. Elle n’est pas le fait d’une droite dure. Néolibérale. Non, ils sont du bon côté du manche. Ils ont leur conscience pour eux. Ils œuvrent pour sauver la planète et en plus ils ont tout bon : ils écoutent de la musique de jeunes, ils ne sont pas contre un petit joint, ils promeuvent la diversité et la parité, ils ont des vélos à 400 euros et ne mettent pas de cravate. Ce sont des ambitieux, taillés pour la gestion des affaires, qui n’ont quasiment jamais milité ailleurs que dans les bureaux de la technocratie. Ils sont les meilleurs gestionnaires dont le techno-capitalisme a besoin pour survivre à ses propres méfaits, pour renouveler ses marchandises et son discours. Ils sont peut-être sa dernière chance. Ils sont l’avant-garde du système qui commence d’ailleurs à le comprendre. Aujourd’hui, aux présidentielles et ailleurs, ils sont l’ennemi immédiat, nos meilleurs ennemis en ce qu’ils sont les pires ennemis de nos libertés, de notre autonomie, et finalement de la nature. Les Verts sont devenus les co-gestionnaires d’un désastre qu’ils souhaitent le plus durable possible. Leur néo- collectivisme a cela de dangereux : il se veut le gouvernement total des « humains », des « non humains », et de leurs « interactions ». Ils réifient le « cosmos » pour mieux le « sauver ». Leur seule ambition « politique » n’est que d’opposer une technique (par exemple la voiture) à une autre (par exemple le métro).
Les causes des nuisances, le système de production et d’aménagement industriel, autoritaire et centralisé, si elles peuvent parfois être questionnées, ne sont là que pour cautionner leur technolâtrie. Les questions essentielles, et réellement politiques celles-là, de nos besoins matériels et, finalement, de la vie que nous voulons, ont disparu des discours écologistes, si elles y avaient jamais figuré.
À Lille déjà, le service de collecte des ordures ménagères fouille les poubelles des habitants pour mettre à l’amende les mauvais trieurs, identifiés par leurs déchets. Demain, ce sont nos résidus d’existence que les éco-technocrates vont inspecter, trier et valoriser pour nous plier au Nouvel Ordre Vert.
(Affiche à télécharger ici : http://www.nanomonde.org/Debat-L-enfer-Vert-Un-projet-pave)
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Le Café luddite de Grenoble a reçu :
– Jean Druon, réalisateur de Un siècle de progrès sans merci,
– Guillaume Carnino (éditions L’Echappée), éditeur de Les luddites en France - Résistance à l’industrialisation et à l’informatisation (2010),
– François Jarrige, historien, auteur de Face au monstre mécanique, une histoire des résistances à la technique (éditions IMHO, 2009),
– Toni Garcia, ancien rédacteur de Los Amigos de Ludd,
– Pièces et main d’oeuvre, pour Techno, le son de la technopole (éditions L’Echappée, 2010),
– Florent Gouget, auteur de Ecole, la servitude au programme (éditions La Lenteur, 2011).