Ces derniers temps, les Verts grenoblois se sont mis à parler publiquement des nanotechnologies. Ainsi, Gilles Kuntz répondant au Dauphiné Libéré : "C’est vrai, nous sommes parfois d’accord avec [les contestataires], mais pas sur tout. (...) Ils vivent leur vie, non pas dans le champ politique mais dans le champ social". Il y a au mieux méprise, au pire manipulation. Nous serions au mieux des Verts un peu plus foncés que lui, au pire simplement sa base électorale. Disons ici publiquement que nous ne sommes pas des « Verts foncés » : nous sommes verts de rage.
Ces derniers temps, les Verts grenoblois se sont mis à parler publiquement des nanotechnologies. Ainsi, Gilles Kuntz répondant au Dauphiné Libéré : « C’est vrai, nous sommes parfois d’accord avec [les contestataires], mais pas sur tout. (...) Ils vivent leur vie, non pas dans le champ politique mais dans lechamp social ». Il y a au mieux méprise, au pire manipulation.
Nous serions au mieux des Verts un peu plus foncés que lui, au pire simplement sa base électorale. Disons ici publiquement que nous nesommes pas des « Verts foncés » : nous sommes verts de rage. Sur l’attitude exemplaire des Verts grenoblois qui, paraît-il, « attendent le débat depuis plusieursannées » en « lançant des alertes répétées », lisons ces deux citations espacées par quatre années de contestations auxquelles les Verts n’ont pas participé.
Février 2002 : "Minatec (...) Les recherches effectuées ne sont pas pilotées par des intérêts militaires (même si elles peuvent avoir des implications militaires) et ne posent pas à priori de problèmes d’éthique importants. Elles visent à assurer à Grenoble une position deleader sur les développements futurs dans les micro et nanotechnologies.(...) De ce point de vue les collectivités, conseil général, Métro et Ville de Grenoble, se devaient de soutenir fermement cette initiative".
Mai 2006 : « Il y a pourtant eu des alertes répétées de la part des élus et des militants Verts mais nous n’avons pas été entendus. Aujourd’hui, nous continuons à nous interroger sur le développement rapide,dévoreur de finances publiques et surtout non débattu des nanosciences. ».
Vive la récupération ! Ce que les écologistes contestent (et encore : timidement) dans Minatec, ce sont les dérives, les« risques ». Ainsi, disent les Verts : « Ce n’est pas la première fois que l’inquiétude ou la peur des dérives éventuelles ou des effets secondaires indésirables et imprévus se font jour devant l’émergence de nouvellestechnologies ».
Pourtant, si les nanotechnologies sont l’objet de critiques depuis quatre années à Grenoble, ce ne n’est pas à cause de leurs « dérives éventuelles » ou de leurs « effets secondaires indésirables etimprévus », mais bien à cause de leur monde. Absence de débat public dans la mise en place du projet, applications militaires et policières, fondspublics au service de l’industrie, pollutions imprévues mais prévisibles, etc. Toutes ces tares du projet Minatec ont été relevées par les opposant-e-s. Mais, soyons honnêtes : avions-nous besoin des nanotechnologies et de Minatec pour nous rendre compte que la population ne gouverne pas la ville, que l’armée finance plus du quart de la recherche publique française, que l’Etat est au service du Capital et que les producteurs de nuisancesproduisent des nuisances ? La mise en place de Minatec est seulement un révélateur, une loupe, un concentré des nuisances. Elle amène notre société à devenir visiblement ce qu’elle était déjà essentiellement.
Les Verts tombent du placard en 2006, se rendent compte qu’il y a des problèmes de concertation démocratique avec Minatec, que le « véritable débat » n’a pas eu lieu. Sans blague ? Comme pour les 400 Couverts, comme pour le Parc Mistral, comme pour l’aménagement de Bouchayer-Viallet, comme pour le Sillon Alpin ? Il s’agirait de ne pas se tromper de problème : Minatec, les 400 Couverts ou le Parc Mistral ne sont que différentes illustrations du même problème social, qui ne se limite d’ailleurs pas à un « déficit de démocratie ».
Le monde que les nanotechnologies révèlent, on peut le voir se dessiner sans les nanotechnologies.D’ailleurs, les pro-nanos ne nous répètent ils pas à l’envie que la biométrie ou les mouchards électroniques ne relèvent pas des nanotechnologies ? Que les lois antiterroristes (renforcées 8 fois ces 10 dernières années) n’ont« rien à voir » avec les nanotechnologies ? A-t-on attendu les nanotechnologies pour mettre des gens en prison des dizaines d’années ? Ou pour les en sortir, un bracelet électronique au poignet ? A-t-on besoin desnanotechnologies pour ranger, pacifier, quadriller à ce point la vie sociale ? Peu importe l’instrument ? Peut-être, mais plus l’outil est furtif, diffus, intégré, plus il est facile de pacifier la société. Pour le plus grand profit des dirigeants « tant il semble que la violence du pouvoir ne soit inacceptable que lorsqu’on la voit agir ».
Il nous importe de désigner cette violence du pouvoir et ses outils. Et comme les camps et le fil barbelé ont pu représenter l’enfermement et la barbarie du XXème siècle, sans doute les RFID, « camérasintelligentes » et autres bornes biométriques seront-elles les symboles modernes de la surveillance et ducontrôle. Ce monde froid qui se dessine, les nanotechnologies en sont issues, vont le renforcer, l’aider à prendreconsistance. Ce n’est pas en se contentant de dénoncer les « dérives éventuelles » et les « effets secondaires indésirables et imprévus » qu’on fait avancer le débat et la critique du monde marchand. C’est en rêvant et enfaisant exister d’autres mondes. Et nos rêves ne sont pas solubles dans la « démocratie participative », les « comités d’éthique » et les élections. Nous ne nous voulons pas repeindre Minatec en vert : c’est l’ensemble de ce monde qui est à défaire et à refaire. Cela va sans dire.
Vive la poésie.
Fermez Minatec.