Le 31 octobre 2007 à l’université de Tours, un groupe de faucheurs de bornes Monéo a saboté huit des dix-huit bornes implantées sur le campus (http://collectifdesfaucheursmoneo.hautetfort.com).
Monéo est un "porte-monnaie électronique" développé par des banques, remplaçant l’argent liquide chez les commerçants, aux horodateurs, aux guichets électroniques - et en l’occurrence au restaurant universitaire.
Une nouvelle laisse électronique pour la traçabilité des personnes, au profit des banquiers et des exploitants de données individuelles.
Tout ceux qui ont été harcelés par leur banquier pour "adopter" Monéo ne pourront que jubiler à la lecture du communiqué du Comité des Faucheurs de Monéo.
(Pour lire le communiqué, cliquer sur les icônes ci-dessous).
Notre action ne relève absolument pas du vandalisme, mais est le résultat d’une solide réflexion sur une situation absolument inacceptable ! Depuis cette rentrée 2007/2008 l’université force en effet les étudiants voulant manger au restaurant universitaire à utiliser le porte-monnaie électronique MONEO. Selon BMS, la société qui gère MONEO, depuis cette rentrée 16 CROUS sur 23 utiliseraient ce service, ce qui concernerait 800 000 étudiants. Or ceci est inacceptable pour plusieurs raisons :
1 - MONEO a été lancé en 1998 et n’a pas réellement fonctionné puisque fin 2004 (soit 6 ans après !) seulement 1,2 million de personnes l’utilisaient. En réaction à cela BMS a réorienté son service vers certains secteurs : le stationnement (pour payer les horodateurs), la distribution automatique (distributeurs automatiques alimentaires...), et les CROUS (ces 3 secteurs représentant 70 % des paiements). En habituant la jeunesse à utiliser MONEO (par obligation), BMS s’assure de futurs utilisateurs du porte-monnaie électronique une fois leurs études terminées (alors même que les générations actuelles en âge de travailler n’en veulent pas !!). Les étudiants d’aujourd’hui étant les consommateurs de demain ! La jeunesse est bel et bien utilisée comme « cheval de Troie » pour imposer le porte -monnaie électronique à l’ensemble de la population !
2 - MONEO paraît être aux étudiants un service gratuit mais cela est faux ! Si le Crédit Agricole (une des banques adhérentes à MONEO) propose gratuitement MONEO au CROUS d’Orléans Tours, cela n’est pas le cas hors de la faculté puisque MONEO coûte environ 7 euros par an pour le consommateur. En clair, comme l’affirme l’UFC -Que Choisir, MONEO n’est qu’ « un produit commercial conçu pour le seul bénéfice des banques, et qui ne rend aucun service au consommateur. Il est payant alors que rien ne le justifie [...] ». De plus de nombreux étudiants n’ont pas de carte bancaire de paiement (nécessaire pour recharger MONEO !)
3 - Mais LE PLUS GRAVE est que tout porte-monnaie électronique représente une GRAVE ATTEINTE A NOS LIBERTES INDIVIDUELLES ! En effet à chaque utilisation le montant, l’heure et le lieu sont stockés dans un fichier au coeur d’un ordinateur, le tout étant bien sur couplé à vos coordonnées personnelles. Louis-Michel Marchal, spécialiste consommation, marketing et surveillance, affirme qu’ « outre le fait d’être un nouveau mouchard électronique, le porte-monnaie électronique combiné avec la disparition de l’argent liquide rendra les individus totalement dépendants des moyens de paiement électronique ». La position de l’UFC-Que Choisir va également dans ce sens puisque selon l’association de défense des consommateurs, « il [MONEO] permet aux banques de nous suivre à la trace ». Jean-Paul Ney, journaliste spécialiste des questions de surveillance et de terrorisme va encore plus loin en affirmant qu’ « encore en phase de test dans certains pays, tout comme Moneo en France, le porte-monnaie électronique est appelé à remplacer totalement l’argent liquide dans les années futures ». Et encore, s’il n’y avait que MONEO pour nous ficher... Selon Jean -Paul Ney « à la fin de la journée, un citoyen de ce pays qui s’apprête à passer une nuit paisible aura été fiché plus d’une quinzaine de fois, filmé une vingtaine de fois et, pendant qu’il s’endormira dans les bras de Morphée, son nom sera en train de circuler dans les entrailles de dizaines d’ordinateurs, il sera accompagné de ses habitudes, ses envies, ses moindres faits et gestes... ».
Tout simplement parce que notre mode d’action ne pouvait permettre une action à visage découvert, ce qui nous aurait directement exposé à des sanctions judiciaires. Nous ne pouvions donc hélas pas assumer au grand jour notre geste !
Nous considérons que le temps de la prévention concernant l’attaque incessante menée à l’encontre de nos libertés individuelles est révolu. Dans le 27ème rapport d’activité 2006 de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL), intitulé « Alerte à la société de surveillance », son président (par ailleurs sénateur) Alex Türk affirme que « nous sommes confrontés à une situation d’extrême urgence. » Il explique ainsi que « 30 ans après (1978) deux vagues menacent pourtant nos autorités de protection des données et libertés qu’elles ont pour mission de protéger. La première vague est d’ordre technologique, la seconde de nature normative. » Il poursuit en disant que « s’agissant du capital représenté par notre identité, notre vie privée et la protection de nos droits fondamentaux, nous devons être conscients que les atteintes qui lui sont portées, de manière irréversible, mettent en cause sa pérennité. » Est-il encore le temps de l’action visant à informer des dangers de ce genre de technologies liberticides ?!!
Quand avons-nous été consultés sur ce sujet ?!! Ici ou ailleurs on ne nous demande jamais notre avis ! On nous propose tout d’abord un nouveau service technologique sur le mode du choix (ici lancement en 1998 de MONEO), puis dès qu’un pourcentage assez conséquent de personnes l’utilise ou dès qu’il est banalisé (ici tentative de banalisation forcée auprès des étudiants, ce service n’ayant pas accroché les autres tranches d’âge de la population), on rend ce service obligatoire (ce qui arrivera dans quelques années concernant le porte-monnaie électronique, il ne s ’agit que d’une question de temps !) !
C’est exactement ce que les banques veulent faire avec MONEO à terme : supprimer l’argent liquide et inventer un monde où ne circulera que de l’argent électronique !! Loin d’avoir voulu prendre les étudiants en « otage », nous espérons que le caractère spectaculaire de notre action servira à une réelle PRISE DE CONSCIENCE !
Il est évident que nous ne comptons pas en rester là. Nous demandons au CROUS d’Orléans-Tours de supprimer l’ensemble des bornes MONEO, et de revenir aux moyens de paiement « classiques » : liquidités, chèque, carte bancaire. Dans le cas contraire nous réitérerons ce type d’action et nous ne voyons pas comment l’université pourrait nous en empêcher. Nous sommes déjà une vingtaine, très motivés, et avons beaucoup d’imagination. Nous ne sommes pas des cas isolés opposés aux bornes Monéo, en témoignent les nombreuses discussions à ce sujet hors cours, mais nous sommes les premiers à réagir de manière organisée ! Certains étudiants ont ainsi de manière individuelle fait le choix de boycotter le restaurant universitaire, mais la majorité, bien que mécontente s’est pliée à ce non choix ! NOUS INVITONS TOUS LES ETUDIANTS ET TOUTES LES ORGANISATIONS ETUDIANTES A SE SAISIR DE CE PROBLEME ET A AGIR (pétitions, boycott, sensibilisation...). Nous nous considérons comme des résistants, et menons nos actions en toute âme et conscience pour l’avenir de nos enfants. Et pour qu’ainsi « l’alerte à la société de surveillance » ne soit pas resté qu’un souvenir couché sur un bout de papier...
LE PLUS IMPORTANT à comprendre est que le déploiement du porte-monnaie électronique se situe dans un contexte particulièrement LIBERTICIDE :constitution de gigantesques bases de données centralisées (mise en commun de tous les fichiers informatiques administratifs : casiers judiciaires, création du Dossier Médical Personnel...), développement des cartes d’identité et passeports à puce, conservation de données personnelles (en Europe, E-mail et SMS conservés pendant 2 ans...),recrudescence des caméras de surveillance (précisons que l’université en a équipé le nouveau bâtiment des Tanneurs !), développement de la biométrie dans les aéroports, les lieux publics, et même dans les écoles, distribution à grande échelle dans certains pays des tags RFID (« Radio Frequency Identification » : puces lisibles à distance allant entre autres remplacer les codes-barres, BMS est d’ailleurs en train de lancer une carte MONEO de deuxième génération équipée de cette technologie !), renforcement des systèmes satellites de pistage (GPS, Galileo), progression des puces sous-cutanées dans le monde (utilisation dans les soins de santé aux USA... mais aussi nombreux projets pour l’Europe !), développement des nanotechnologies (technologies invisibles à l’oeil nu ! Lancement en France, à Grenoble de « Minatec » : premier centre européen pour les nanotechnologies...), forces policières et de contrôle renforcées, lois liberticides (Perben II...)...
Le Collectif des Faucheurs MONEO (C.F.M.)