Marseille, palais du Pharo, le 17 juin 2009
Troubles d’opinion au salon de la RFID à Marseille
Le collectif « Nanoflics, on vous a l’œil » et Pièces et Main d’Oeuvre ont perturbé le salon des technologies sans contact organisé par les pôles de compétitivité « Solutions communicantes sécurisées », « Minalogic » et « Industries du commerce » et réunissant notamment les industriels de la RFID.
Les puces RFID (puces d’identification communiquant à distance par radiofréquences) envahissent nos vies à notre insu, pour assurer une traçabilité totale des marchandises et des populations. Implantées dans les papiers d’identité, les cartes sans contact (transports, badges, etc.), les produits manufacturés, les livres des bibliothèques, les véhicules, le bétail et déjà des êtres humains, elles assurent à l’industrie et à l’Etat les moyens d’une gestion rationnelle totale de la vie sociale, placée sous monitoring informatique et sous surveillance électronique. Elles représentent le nouveau marché porteur de l’industrie électronique qui en espère des bénéfices considérables, à condition de rendre acceptables par l’opinion ces technologies liberticides et le monde-machine qu’elles contribuent à façonner. De la naissance (bracelets électroniques dans les maternités) à la vieillesse (suivi à distance des personnes seules via capteurs et puces communicantes), toute notre vie et nos relations sociales sont déléguées aux machines numériques. Lesquelles collectent au passage toutes les données concernant nos vies privées, exploitées par le secteur marchand pour faire du profit et par l’Etat pour nous surveiller.
La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, comme la Région Rhône-Alpes financent la recherche et l’implantation d’entreprises privées comme STMicroelectronics, développant ces technologies mortifères.
Les opposants aux RFID sont intervenus lors de la conférence consacrée au « risque de rejet par l’opinion publique ». Comme l’a dit sans complexe Patrick Brugnier, délégué général du pôle des Industries du commerce : « Ces technologies représentent un enjeu considérable pour notre secteur, mais il faut que nous les fassions accepter par le public ».
Les anti-RFID, après avoir distribué des tracts à l’assistance, sont montés à la tribune malgré les protestations des organisateurs, et ont pris la parole. « Vous voulez « rassurer l’opinion publique ». Nous n’avons pas besoin d’être rassurés. Nous n’avons pas peur, nous sommes en colère (…) contre vous, qui transformez le monde, sans jamais demander leur avis à ses habitants. » Ils ont contesté le mouchardage électronique généralisé, la destruction du lien social et l’incarcération dans un monde-machine.
Pour en savoir plus :
« RFID : la police totale - Puces intelligentes et mouchardage électronique », par Pièces et Main d’œuvre (Editions l’Echappée, 2008)
Collectif « Nanoflics, on vous a à l’œil »
anti.nanoflics Lzs gmail.com
Pièces et Main d’Oeuvre
www.piecesetmaindoeuvre.com
contact.pmo Lzs free.fr
Vous voulez "rassurer l’opinion publique".
Nous n’avons pas besoin d’être rassurés.
Nous n’avons pas peur, nous sommes en colère.
Nous sommes en colère contre vous, qui transformez le monde sans jamais demander leur avis à ses habitants.
Nous refusons votre monde "sans contact", votre désir forcené de gestion rationelle de la vie et des populations.
Nous refusons votre monde-machine, votre haine du vivant qui vous pousse à préférer habiter un univers numérique.
Nous refusons votre "environnement intelligent", vos dispositifs de "réalité augmentée", votre "ville numérique".
Nous ne voulons pas d’une vie plus "pratique", plus "efficace", plus "rapide", plus "rentable", sous monitoring électronique et traçabilité totale.
C’est ce monde-là que façonnent vos technologies "sans contact" – quelles que soient les "bonnes" et les "mauvaises" applications que vous tentez en vain de distinguer. Quels que soient les "régulations" et "contrôles" confiés à la CNIL, dont l’un des commissaires, Philippe Lemoine, est vice-président de GS1, le lobby de la RFID présent dans ce salon – ce qui en dit assez sur le genre de protection assurée par cette commission.
Vous semblez avoir renoncé à une vie digne et libre. Il nous reste cette décence ordinaire qui nous fait choisir un monde avec contact.
Qui croyez-vous être pour vous permettre de nous rassurer ? Qui vous a donné un tel mandat ?
Nous sommes en colère et vos tentatives pour vous rendre acceptables, vous et votre monde, ne nous duperont pas.
Contrairement à ce que vous croyez – avec Michel Alberganti ici présent – nous sommes pour le progrès. A en juger par les "solutions" exposées dans leurs stands par vos entreprises, vous êtes les opposants du progrès. En choisissant de confier à des machines vos fonctions humaines, vous renoncez à faire progresser ce qui, dans notre humanité, aurait fort besoin d’évoluer.
Vous prétendez "rassurer l’opinion", en réalité chacun aura compris qu’il s’agit aujourd’hui de rassurer les entreprises contre le risque d’opinion – et sans doute, sur ce point, avez-vous raison.